Lauréat du prix Pritzker 2014, Shigeru Ban n’en reste pas moins un homme humble.
Cet architecte japonais s’est vu récompensé en mars dernier du prix le plus prestigieux en architecture, sorte de « prix de Nobel de l’architecture », qu’il recevra officiellement le 13 juin 2014 à Amsterdam.
Plus qu’une réelle récompense pour ses réalisations passées, il le perçoit comme un encouragement à son travail futur. Parce qu’une chose est certaine, Shigeru Ban n’a pas fini de nous éblouir.
On reconnaît son travail au travers de constructions aux formes géométriques et de structures épurées.
Mais ce remarquable créateur est aussi un homme de cœur puisque la majorité de son temps, il le passe sur les scènes témoins de catastrophes naturelles.
Il met au service des réfugiés de tremblements de terre et tsunamis ou de guerre son aide et son savoir-faire au travers de la création de nombreuses constructions réalisées à base de carton.
Une solution écologique, recyclable et peu couteuse qui démontre son altruisme et son humanisme. Un geste d’ailleurs salué par le jury du prix Pritzker.
L’architecture, une réelle vocation
Né à Tokyo en 1957, rien ne prédestinait Shigeru Ban au monde de l’architecture. Pourtant, il se passionne très vite pour la charpenterie et se plait à observer les ouvriers travailler. Il réalise sa première maquette au lycée. Son travail détonne déjà et est primé.
Les plans quant à son futur changent légèrement : il ne sera pas charpentier, il sera architecte !
Il intègre dans un premier temps l’université de Waseda, à Tokyo, où on l’initie à l’utilisation de matériaux comme le bois, le papier ou encore le bambou.
Il s’éloigne ensuite des influences nippones et poursuit son cursus aux Etats-Unis, d’abord à la Southern California Institute of Architecture à Los Angeles avant de rejoindre la prestigieuse Cooper Union School of Architecture de New-York. Il en ressort, diplôme en poche, en 1984.
Un architecte humaniste engagé
Il réalise ses premiers travaux pour des japonais fortunés et édifie de grandes maisons qui respirent le luxe et la noblesse. Mais, dans les années 90, il finit par se lasser de toujours devoir mettre en avant la richesse de certains quand d’autres n’ont plus rien.
Habité par le désir d’aider les plus démunis, il change alors complètement de cap.
En 1995, un tremblement de terre ravage la ville de Kobé au Japon.
Dans une région suspecte aux séismes, ce dernier s’est avéré être le plus grave du pays avec un bilan humain très lourd.
Shigeru Ban a alors décidé d’améliorer le confort des rescapés en construisant des habitations éphémères avec des tubes en carton.
Parmi ces édifices on retrouve notamment Paper Church. Cette église en papier provisoire qui était censée remplacer l’église de Kobé, complètement détruite, fut finalement conservée.
Shigeru Ban décide alors de dédier une grande partie de son travail aux actions humanitaires et crée la même année sa propre organisation non gouvernementale, Voluntary Architects’ Network, et devient jusqu’en 1999 l’architecte conseiller du haut comité aux réfugiés de l’ONU.
Il n’a cessé depuis de venir en aide aux populations touchées par diverses catastrophes à travers le monde : élaboration de salles de classe, maisons de secours ou églises, ses travaux de qualité et efficaces ont largement été applaudis.
Une reconnaissance internationale
Le travail de Shigeru Ban ne s’arrête pourtant pas là. A de multiples reprises il a mis à disposition son savoir-faire et ses idées qui ont permis l’édification de structures aux Etats-Unis, au Japon, à Taiwan mais surtout en France.
L’hexagone n’a de cesse de se régaler de ses idées créatives et l’a sollicité de nombreuses fois : le pont de papier à côté du pont du Gard, le centre d’interprétation du canal de Bourgogne, le Papillon Pavillon, la création de l’espace de restitution de la grotte Chauvet, etc.
Plus récemment, on retiendra surtout le Centre Pompidou à Metz en 2010.
Avec son entrelacs de poutres qui tisse une large toile géométrique soutenu par des poteaux tulipe et des murs de verre, l’édifice donne une nouvelle dimension au paysage.
Son design minimaliste lui donne une impression de légèreté qui ne le rend pas pour le moins solide !
Shigeru Ban mélange avec un équilibre parfait le béton, le verre et le bois pour donner au centre Pompidou toute l’originalité et l’élégance qui le caractérise.
Prochainement, son travail sera encore mis à l’honneur avec l’inauguration de la Cité musicale de l’île Séguin à proximité de Boulogne-Billancourt.
Un architecte aux nombreuses casquettes
S’il imagine et planifie d’impressions monuments, Shigeru Ban élabore parfois des pièces plus petites à l’image de simples meubles ou éléments de décoration.
On retrouve notamment une poignée de porte au design fin et élégant, une corbeille de fruit qui rappelle étrangement le toit du centre Metz-Pompidou par ses formes géométriques ou encore des chaises d’intérieur créées à partir de matériaux originaux et à la ligne raffinée. En fibre de carbone ou fabriquées dans un composite à base de plastique recyclé et de papier, on reconnait ici la signature de l’architecte.
Module H, un bel exemple d’architecture d’intérieur
Shigeru Ban s’illustre également dans l’architecture d’intérieur avec tout autant de brio. Il s’est récemment associé avec Pierre-Alexis Dumas, le directeur artistique d’Hermès, pour créer une cloison d’intérieur originale, élégante et décorative permettant d’habiller nos intérieurs de luxe.
La structure, baptisée Module H, se compose d’une grille en aluminium perforée d’une multitude de « h » sur laquelle on vient apposer des carrés de cuir ou de tissu issus de la fabrique Hermès, en hommage au célèbre carré de soie de la maison.
Cet élément modulable permet ainsi de créer une décoration authentique et représentative de « l’élégance à la française ». Choisissez la matière, la couleur, la taille de chaque carré et façonnez un mur à votre image.
Retrouvez quelques unes de ses plus belles réalisations en image sur Pinterest.