Le XXème siècle a marqué un véritable tournant tant d’un point de vue économique, culturel que sociétal.
Il a également accueilli de grands noms qui ont révolutionné leur domaine. C’est notamment le cas de Le Corbusier.
Cet architecte suisse a laissé une profonde emprunte, tant par ses travaux que par sa vision.
Adulé ou ignoré, il n’a pas toujours fait l’unanimité mais il ne fait aucun doute que le mouvement moderne dont il est le précurseur a marqué l’architecture.
Approchons nous de plus près et revenons le temps d’un article sur la vie et le travail de cet homme légendaire.
Portrait d’un homme mythique
Charles-Edouard Jeanneret-Gris, qui prendra le pseudonyme « Le Corbusier » bien plus tard, nait en 1887 à la Chaux-de-Fond, une petite ville du Canton de Neuchâtel, en Suisse.
Il se destine rapidement aux arts et entre en 1904 au cours supérieur de décoration à l’école d’Art de la Chaux-de-Fond.
Mais le directeur de l’école, Charles L’Eplattenier, peine à l’imaginer dans ce domaine et l’aide à se réorienter en architecture. Il n’obtient pourtant pas le diplôme d’architecte-décorateur et fait suivre sa formation de plusieurs voyages, notamment en France, Italie, Allemagne, Roumanie, Grèce, Bulgarie, Turquie où il va découvrir une architecture différente, des styles nouveaux et propres à chaque pays, qui vont l’inspirer pour ses projets futurs.
La seule formation valide et officielle qu’on lui reconnaît est celle de dessinateur, qu’il obtient en 1914.
Cette même année, Le Corbusier prend la décision de devenir un architecte libre mais son agence enchaine les problèmes techniques. C’est un échec…
Mais il en faut plus pour décourager Charles-Edouard Jeanneret-Gris.
En 1917, la Première Guerre mondiale touche à sa fin et pressentant la victoire des français, il décide de réaliser son rêve : reconstruire Paris, une ville qu’il a tout particulièrement aimé lors de ses précédents voyages. Il déménage donc dans la capitale et y ouvre une nouvelle agence.
S’installer à Paris lui offre l’opportunité de rencontrer des peintres, poètes, artistes et autres architectes qui vont l’influencer et l’inspirer tout au long de son parcours.
Il va notamment fonder les bases du « purisme », un courant post-cubisme, avec le peintre Amédée Ozenfant et exposer des peintures à l’huile.
Mais en cette époque précaire, exposer rapporte peu et l’agence tarde à décoller. Le Corbusier enchaine alors diverses fonctions précaires.
En 1920, il crée avec Ozenfant et le poète Paul Dermée l’Esprit Nouveau, une revue d’architecture qui met notamment en avant le mouvement purisme. Il signera pour la première fois quelques articles « Le Corbusier », un pseudonyme emprunté à un de ses ancêtres, « Lecorbésier ».
Il forme avec son cousin Pierre Jeanneret, qui a rejoint l’agence en 1922, un duo efficace.
La décennie qui suit voit se construire plusieurs villas et des projets prendre vie.
Le Corbusier se penche aussi sur l’ameublement et le design en faisant notamment des recherches sur les matières et les formes autour d’un style minimaliste.
Sa renommée devient internationale lorsqu’il participe avec 28 autres architectes à l’organisation du premier Congrès International d’Architecture Moderne (CIAM) qui vise à défendre une architecture et un urbanisme pratiques. Ce courant de pensée repose notamment sur le mouvement moderne dont Le Corbusier est indubitablement un instigateur.
L’agence ferme ses portes en période de guerre pour reprendre ses activités en 1945. Mais elle change légèrement de direction. Les gros travaux onéreux passent au second plan.
Le temps est aux reconstructions pour les plus démunis et les sinistrés. C’est le début de l’industrialisation du bâtiment avec des constructions standardisés qui s’avèrent plus économiques.
Nait alors l’Atelier des Bâtisseurs au sein du cabinet (ATBAT) qui va notamment créer la première unité d’habitation à Marseille.
Alors que le monde se reconstruit et que les Trente Glorieuses battent leur plein, la renommée de Le Corbusier n’a de cesse de s’étendre. On le retrouve par exemple à Bogota ou en Inde où il est particulièrement populaire.
Il meurt en 1965, laissant derrière lui un grand nom du monde de l’art et de l’architecture.
La vision d’un homme moderne
Le Corbusier a marqué le monde de l’architecture par sa vision authentique et révolutionnaire.
Anticonformiste, son désir de changer les choses et sa rationalité légendaire l’ont poussé à élaborer des réflexions qui ont réellement changé la sphère architecturale.
Il introduit d’abord le concept de purisme avec Amédée Ozenfant avant de s’attaquer au mouvement moderne.
Au milieu des nombreux ambassadeurs de ce courant qui révolutionne le monde de l’art, il en propose, avec son cousin Pierre Jeanneret, une définition en cinq points :
- Les pilotis,
- Le toit-terrasse : le toit en pente disparaît au profit d’un toit plat qui offre un nouvel espace d’aménagement,
- Le plan libre : l’utilisation de nouveaux matériaux comme le béton armé ou encore l’acier permet de soulever l’obligation de construire des murs porteurs et de les remplacer par des poteaux,
- La fenêtre en longueur,
- La façade libre.
A la suite de la publication de l’ouvrage Les cinq points de l’architecture moderne, publié en 1927 par Le Corbusier et Pierre Jeanneret, de nombreux bâtiments issus de l’architecture moderne s’érigeront en respectant ces lois.
Un architecte, mais pas seulement…
Si on associe le plus souvent Le Corbusier à des constructions architecturales et aux nouveaux courants de pensée, il s’est également penché sur la question de l’ameublement et du design.
Afin de meubler les villas La Roche et Church, il s’associe avec Charlotte Perriand, une jeune designer qui s’est faite remarquée au salon d’automne de 1927.
Ensemble et avec Pierre Jeanneret, ils imaginent toute une série de chaises et fauteuils qui, encore aujourd’hui, connaissent une grande popularité.
Parmi ces assises, nous retrouvons notamment le célèbre fauteuil LC4.
Commercialisée aujourd’hui par l’éditeur de luxe italien Cassina, la chaise longue qui se pare d’une position modulable offre une réelle expérience de confort et avant-gardiste.