A Croix, petite commune de 21 000 habitants à quelques encablures de Lille, se trouve une villa pas comme les autres…
Nichée dans un quartier résidentiel et bourgeois, cette bâtisse atypique a vécu bien des choses depuis sa construction en 1932.
Il s’agit de la Villa Cavrois, véritable merveille architecturale, et source d’inspirations pour bon nombre de personnes.
Visite guidée au cœur d’une œuvre d’art totale, un musée à visiter !
La commande spéciale d’un industriel français…
Propriétaire de deux filatures textiles et d’une teinturerie, Paul Cavrois, époux de Lucie Vanoutryve, souhaitait faire construire une demeure familiale pour ses 7 enfants.
Après un 1er échec avec Jacques Gréber, il confiera son projet avec une entière liberté à l’architecte-designer, Robert Mallet-Stevens.
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La villa de la démesure :
1 800 M2 habitables sur 3 niveaux, 800 M2 de terrasse… de quoi loger aisément toute la famille ainsi que son personnel.
Les espaces sont ainsi regroupés selon leurs usages : les pièces de réception, l’aile des parents, les espaces des enfants, les coins détente et de sport, les terrasses.
Tout a été pensé autour de 6 principes : air, lumière, travail, sport, hygiène, confort.
On comprend mieux alors la présence d’un fumoir, d’une salle à manger différente entre les parents et les enfants, d’une salle de jeux, d’une salle de bain individuelle dans chaque chambre…
De grandes baies vitrées offrent un panorama étourdissant sur le jardin et son miroir d’eau.
Focus sur la salle de bain des parents !
Imaginez-vous une salle de bain de 60m2 tout de marbre blanc vêtue . On pourrait créer 2 studios parisiens dans cet espace !
Equipée d’une douche avec jets multiples, d’une baignoire olympique, d’une coiffeuse et d’un dressing, autant dire que la salle de bain réservée au couple Cavrois ne manque pas de saveur.
Notre coup de cœur : un pèse personne intégré au mur de la salle bain…
Robert Mallet-Stevens, l’architecte aux commandes de ce projet fou
Robert Mallet-Stevens fait partie du mouvement moderne, un courant d’architecture caractérisé par des lignes géométriques pures, une décoration minimaliste et une fonctionnalité des espaces.
Paul Cavrois a fait appel au service de cet architecte pour son esprit novateur avec la volonté forte de se démarquer des maisons traditionnelles.
On peut dire que le pari fût réussi !
Mais Robert Mallet-Stevens ne s’est pas simplement contenté de dessiner les plans du bâtiment. Il s’est également occupé de l’agencement, du décor (jusqu’aux poignées de porte !), du mobilier, et du parc rendant son œuvre totale.
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Un style précurseur emprunt de modernité :
Projetez-vous dans les années 30 et imaginez un architecte qui vous propose d’installer un téléphone dans chaque pièce, un ascenseur, un chauffage central, des matériaux luxueux comme le marbre.
Avant-gardiste comme projet, non ?
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La brique, la marque de fabrique !
Vous n’êtes pas sans savoir que les maisons du Nord de la France sont majoritairement construites à partir de briques rouges donnant ce style si particulier et représentatif.
Robert Mallet-Stevens n’a pas voulu déroger à la règle pour les matériaux de construction mais a tout de même apporté sa touche personnelle.
Il s’agira d’une villa à briques jaunes, fabrications spéciales, complétées par des joints horizontaux peints en noir.
Le jardin, grandeur et décadence !
Inspiré des jardins réguliers du XVIIe siècle, le parc de la Villa Cavrois est tout simplement sublime. Des plans géométriques, une perspective, une place prédominante donnée aux jeux d’eau avec notamment un miroir d’eau de 72m et un bassin de natation, le décor extérieur est à la hauteur des prestations intérieures.
Pour peu qu’un rayon de soleil vienne caresser l’herbe fraîche, nous sommes transportés.
Une roseraie, un potager, un belvédère et des toits-terrasses viennent compléter ces espaces extérieurs.
La Villa Cavrois, une bâtisse aux nombreuses vies :
3 ans auront été nécessaires, de 1929 à 1932, pour concevoir et bâtir ce bâtiment. Le mariage de Geneviève, la fille aînée du couple Cavrois, le 5 juillet 1932 marquera l’inauguration de la villa.
D’autres dates viendront marquer l’histoire de cette bâtisse…
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1940-1944, la face sombre :
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le bâtiment fut réquisitionné par les troupes allemandes et transformé en caserne. La fin des combats causa de nombreux dommages.
La famille Cavrois repris possession de sa villa en 1947 après de nouveaux aménagements et y habita jusqu’en 1985.
C’est le décès de Lucie Cavrois cette même année qui scellera la vente de la propriété à un promoteur immobilier souhaitant la transformer en lotissement. Mais tout ne se passa pas comme prévu puisqu’une association empêcha la démolition de la maison…
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2015, la Villa Cavrois renaît de ses cendres :
Pendant plus de 13 ans la propriété fût livrée à elle même et laissée en proie aux pillages et au vandalisme.
C’est donc une maison bien délabrée que l’Etat a acheté en 2001 malgré son classement au titre des monuments historiques en 1990.
S’en suivit un long et fastidieux travail de ravalement et de restauration orchestré par le Centre des Monuments Nationaux.
Pour preuve de l’état de délabrement dans lequel la villa a été retrouvée, une pièce au 2e étage a été laissée tel quel.
Dans un décor digne de James Bond !
En visitant la Villa vous ressentirez peut-être cette ambiance propre aux films de 007.
Les points communs ? Une élégance certaine, un mobilier design et épuré, d’épaisses moquettes, des gadgets improbables, de grands espaces.
Nostalgie quand tu nous tiens…
Alors si vous passez dans la région lilloise prochainement, n’hésitez pas à faire un détour par cette villa singulière.
Et pour en savoir plus sur son histoire, ses horaires, son plan d’accès et autres informations pratiques, rendez-vous sur :
www.villa-cavrois.fr