Depuis des millénaires, l’Italie nous régale de son goût pour l’art. Architecture, peinture, sculpture, elle est le berceau de nombreux mouvements qui ont révolutionné le monde.
Artistes et philosophes savants, ils sont beaucoup à avoir vu le jour au sein des frontières de la botte.
Si aujourd’hui le talent se retrouve dans toutes les nationalités, il faut reconnaître le raffinement et les prédispositions des italiens pour les belles choses et la qualité.
Achille Castiglioni fait indubitablement partie de ces hommes talentueux. Ce designer a marqué le XXème siècle par ses créations épurées et originales.
Retour sur le parcours de légende de cet artiste qui a su laisser une profonde emprunte dans le monde du design industriel.
L’histoire d’une collaboration efficace
L’aventure d’Achille Castiglioni débute à Milan où il nait en 1918. Il y effectue ses études et obtient son diplôme en architecture en 1944 à l’école polytechnique de Milan.
Très vite, il s’associe avec ses deux frères, Pier Giacomo et Livio. Ce dernier quittera rapidement l’affaire familiale, laissant l’entreprise à ses deux frères.
Dire que cette collaboration est une réussite est un euphémisme !
A eux deux, Achille et Pier Giacomo réalisent des travaux qui plaisent et interpellent. Rapidement, leurs ouvrages intéressent de grands industriels italiens spécialisés dans l’ameublement comme Flos ou Zanotta.
C’est le début d’un succès qui ne cessera de croître.
La création d’objets industriels est devenue la spécialité d’Achille Castiglioni mais rien ne le prédestinait à emprunter cette voie là.
Lorsqu’il rejoint ses frères, la guerre vient tout juste de se terminer et les projets d’architecture sont rares.
Les Castiglioni profitent alors de cette période creuse pour se pencher sur différents plans urbains, étudier l’architecture et le design, approfondir leurs connaissances sur les techniques et les matériaux et s’initier à des mouvements comme le design radical.
Ce dernier marque une rupture avec le modernisme tel que nous le connaissions à cette époque.
Pier Giacomo décède en 1968, laissant Achille désormais seul. Cela ne l’empêche pas de continuer dans la voie que les frères ont commencé à dessiner.
En 1969, Achille Castiglioni devient professeur de design industriel à l’école polytechnique de Milan.
Il siègera également à la faculté d’architecture de Turin jusqu’en 1980.
Actif et déterminé, il ne s’arrêtera pas pour autant de créer et donner vie à des objets qui ont marqué le monde du design industriel.
En tout, ce sont 7 Compasso D’Oro (Compas d’Or) qu’il gagne au cours de sa carrière. Ce prestigieux titre international récompense les créations élaborées en Italie.
Ces prix à répétition ont réellement permis de révéler au grand jour le talent et la créativité d’Achille Castiglioni.
Aujourd’hui, son travail est reconnu dans le monde entier et certaines de ses œuvres tiennent toujours leur place dans nos maisons.
D’autres, en revanche, sont exposées dans des musées dont la réputation n’est plus à faire : 14 objets sont au MoMA de New-York quand d’autres se prélassent dans les salles du Victoria & Albert Museum de Londres ou au musée du Design à Prato.
Le travail d’Achille Castiglioni s’est également illustré à travers de nombreuses expositions. La dernière en date, « A la Castiglioni », s’est tenue au Centre d’Art Santa Monica de Barcelone en 1995.
Achille Castiglioni est mort en 2002, nous léguant un style qui a empreint l’histoire du design.
Une vision qui a marqué le design industriel
Dès ses débuts avec son frère Pier Giacomo, Achille Castiglioni puise son inspiration dans la vie de tous les jours.
Simplicité et logique sont ses maitres-mots. A travers l’utilisation de matériaux basiques comme l’aluminium extrudé ou l’acier inoxydable, il réalise des objets modernes et contemporains, en rupture avec ce qui avait déjà pu être fait.
Sa démarche est relativement simple : il part de l’utilisation de l’objet et le conçoit à partir de sa fonction pour qu’il la remplisse le plus justement possible.
Adepte du minimalisme et de l’adage « less is more » (le moins est le plus), il utilise peu de matériaux afin de créer des objets aux contours simples mais révolutionnaires. Entre formes expérimentales, formes nouvelles ou formes plus traditionnelles, son style a définitivement marqué les esprits.
Des créations marquantes
Au cours de sa carrière, Achille semble s’être inspiré du mouvement « Ready-Made » qui reprend des objets de la vie courante afin de les transformer en œuvres d’art.
Prenons en guise d’exemple le tabouret Stella.
Créé en 1957 avec son frère Pier Giacomo, ce siège a été désigné à partir d’une selle de vélo.
Son pied unique et son socle hémisphérique en métal, donne vie et dynamique au tabouret.
Dans le même style, le tabouret Mezzadro est aujourd’hui devenu incontournable. Un siège de tracteur est cette fois mis à l’honneur. Sa forme originale a su séduire toute une génération.
Aujourd’hui, Mezzadro est toujours commercialisé. Les sièges se déclinent en plusieurs couleurs pour s’intégrer dans tous les intérieurs.
Parmi ses nombreuses réalisations, nous retrouvons également le lampadaire Arco. Elaboré en 1962, son nom ne vous dit peut être rien mais sa forme ne vous est certainement pas inconnue.
En effet, ce lampadaire très tendance fait le bonheur des amateurs de décoration ! Son long bras fin et arrondis habille avec élégance les grandes pièces tout en apportant une source de lumière.
Si la lampe a été déclinée dans d’autres couleurs, avec un pied différent ou un abat-jour transformé, le meuble original appartient aux frères Castiglioni.